Prince Far I est un toaster et producteur de reggae et dub de la Jamaïque, né Michael James Williams en 1945 dans le quartier de Spanish Town à Kingston et mort assassiné le 15 septembre 1983.
Il avait cette voix rocailleuse qui retient l'attention et inspire le respect. Pour cela, on le surnomma "Voice of Thunder", la voix du tonnerre ... Il connaissait merveilleusement bien la musique de l'île qui l'avait vu naître et grandir. Il jouait de cette proximité en manipulant avec humour et talent les riddims et les textes de ses pairs. Converti au rastafarisme, il appelait inlassablement ses compatriotes à respecter les valeurs de paix, de tolérance, de travail et d'humilité qui, pour lui, s'incarnaient en Jah.
Né en 1945 à Spanish Town, celui que l'Etat-civil appelait Michael James Williams migra rapidement vers le quartier de Waterhouse, à Kingston. Le quartier était alors propice à l'émulation entre musiciens. Le futur Prince Far I s'exerce en prenant exemple sur Prince Ruff. Au milieu des années 60, le jeune homme se produit sous le pseudonyme de King Cry Cry et collabore avec divers sound-systems. Il enregistre ses premiers morceaux pour le compte du Studio One. Hélas, Coxsone Dodd, le boss du Studio One, rémunère mal ses talents, et Prince Far I doit trouver divers petits boulots pour vivre. Il revient en studio en 73, endosse le pseudo de Prince Far I et connaît quelque succès avec ses titres ("Johnny Get Worse" et "Yes Joshua" notamment). Dans la foulée, il fonde son propre label, "Cry Tuff", et sort "Psalms for I". Le style de Prince Far I est désormais affirmé.
Il signe alors avec Virgin et sort en 78 le mythique "Message from the king" (réédité en CD sous le titre "Black Man Land", la compilation comprenant en outre les titres de l'album "Livity", sorti en 1981). Il entame en outre une collaboration avec Adrian Sherwood, le producteur de Pressure Sounds. Ensemble, les deux hommes exploreront les terres fertiles du Dub, posant des jalons pour l'évolution du genre, jouant les intermédiaires entre les ingénieurs du son "old school" (façon King Tubby et Lee Scratch Perry) et la nouvelle génération, largement européenne (Dub Syndicate notamment).
Apôtre de la paix et la tolérance, Prince Far I est mort assassiné en 1983, dans sa maison de Spanish Town. Tombé sous les balles de quelque gunman, comme Peter Tosh, comme King Tubby, comme Hugh Mundell et tant d'autres ...
Plus de 20 ans après, il continue d'occuper une place de premier plan sur la scène reggae, notamment grâce aux efforts de ses amis et fans. Le label Blood and Fire a par exemple réédité, en 2005, une superbe compilation de titres produits entre 1973 et 1979 ("Silver & Gold").