Relic est un groupe de rap français originaires d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise(95).
Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds à Argenteuil (95), il est très facile de se faire une idée. Imaginez un petit village, tout près de Paris, à côté duquel poussaient des nymphéas, chéris autrefois par un certain Claude Monnet. Propulsez-vous cent ans plus tard au même endroit et imaginez le même petit village avec une nouvelle ville juste au-dessus, exactement à l’endroit où se trouvaient les nymphéas. Le Val D’Argent, ça s’appelle. Il y a une avenue à perte de vue, avec de chaque côté des tours quasiment identiques. Au milieu, une plate-forme en béton, avec son supermarché discount et, non loin, un collège et un lycée. Entre le village et cette cité tentaculaire, une petite zone pavillonnaire se charge de faire tampon.
C’est dans ce cauchemar architectural – hélas typique d’un certain urbanisme mondial – qu’a poussé Relic en 1996 autour de trois MC’s (Alpha, Manscaro, Chodo) et de DJ Soft. Longtemps underground, le groupe suit le parcours classique des rappeurs : une série de maxis et des featurings, pour se faire connaître. Une participation à la BO d’« Old School » de Kader Ayd (2000), orchestrée par Joey Starr et DJ Spank, leur permet de se faire connaître par un plus large public. Peu à peu, les rappeurs rentrent dans le cercle.
Et, avec l’album « Légende Urbaine » (2004), c’est l’explosion. Porté par l’amusant single « Just Married », dont le refrain est interprété par Amine, Relic touche le grand public. Mais dans le milieu hip-hop, c’est l’incompréhension. L’album a beau traiter des thèmes propre au « rap de vue » – description de la vie dans la cité et dénonciation des injustices – le succès de titres plus légers les fait parfois passer pour des opportunistes intéressés par le simple succès commercial.
« Loin Des Apparences » (2006) tient donc de la mise au point. Recentrés sur des thèmes sociaux et politiques, les membres du groupe se veulent des acteurs engagés de la scène rap. Et le titre résume leur démarche : essayer de défendre un point de vue personnel et nuancé. Sur des morceaux comme « Hustler », « Loin Des Apparences » ou « Regarde », les rappeurs dénoncent opiniâtrement les injustices quotidiennes et mondiales, mais leur message s’avère complexe, quitte à flirter avec les limites de la lisibilité (contre le machisme mais contre le féminisme, contre l’islamisme intégriste mais contre la critique permanente de l’islamisme intégriste…). Quoi qu’il en soit, on ressent à l’écoute de leurs morceaux une fierté réconfortante d’avoir fait émerger la plume – et la poésie – au milieu du béton. Et les productions de Médéline, Bustafunk ou des MC’s s’avèrent très efficaces, promettant un bien beau disque de rap. A paraître le 23 octobre.