Installés à Avignon, les quatre jeunes gens dans le vent de Dizzylez distillent un hip hop instrumental frais et décalé, aux relents jazzy et groove.
Du coup, ils participent au dépoussiérage d'un genre trop souvent sacrifié sur l'autel de la rentabilité immédiate. Gage de qualité, Dizzylez n'est toujours pas programmé sur Skyrock.
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Cocazine : Comment présenteriez-vous le groupe Dizzylez à quelqu'un qui ne vous connaît pas ?
DZ (M.C.) : on est 4 (basse, batterie, d-j et m.c), et chacun amène son truc…une ligne de basse qui bien souvent groove, une batterie pas forcément ou simplement « hip-hop », des relents de scratch-music, un flow assez souple et des textes pas trop caricaturaux… Pour résumer, on fait du hip-hop bien à nous, et pour l'instant, on assume.
Babouch (batterie) : se présenter, à chaque fois c'est la galère…on fait du rap qui tourne sur des instrus à tendances funk, jazz et groove. On sort des sentiers battus, il vaut mieux écouter pour se faire une idée.
BKM (Basse) : c'est du nouveau son pour les oreilles formatées, c'est une autre route que ce qu'on peut entendre en rap aujourd'hui.
Cocazine : Pourquoi avoir choisi de développer une formation à base d'instruments « classiques » ?
DZ : c'est parti d'un bÅ“uf en 2002. Dizzylez a l'époque, c'était moi, un m.c tout seul, accompagné dans les meilleures occasions par un d.j… On a eu l'opportunité de faire un concert improvisé à 4 (avec un bassiste et un batteur) ; ça a plu, donc on a décidé de continuer, naturellement.
Babouch : moi ça me paraissait logique d'essayer après avoir vu Matthieu à ses débuts solo. Je me suis dit que son flow était différent de tout ce qu'on pouvait entendre. Pousser la différence ne pouvait être que bénéfique.
KS : j'essaie d'utiliser la platine comme un vrai instrument, ce qui n'est pas très « classique », et encore moins dans le rap… Attention, je dis bien « j'essaie » !
BKM : moi je n'aime pas ce qui est « classique » et je n'aime pas utiliser ma basse que comme un instrument d'accompagnement. J'ai trouvé au sein du groupe une place mélodique et groove que je ne n'aurais pas pu trouver ailleurs..
Cocazine : Pourquoi le choix d'une écriture non-revendicative ?
Babouch : C'est pas moi qui choisis, mais j'adhère complètement, je pense qu'il y a assez de monde qui se charge de la branche « fait chier ».
K.S : perso, même si je suis très ouvert niveau rap, jamais je me serais vu sur scène avec un mc disant « la banlieue c'est dangereux, t'as raison d't'chier d'ssus ». Je me retrouve complètement dans les textes de Matthieu. A part quand il parle d'Ardisson, mais on s'en fout. Ahha.
BkM : pourquoi revendiquer ? la musique n'est pas faite que pour ça. Et le fait de toujours revendiquer pour un rien, on perd en crédibilité.
DZ : j'ai été le premier à défendre le rap engagé version Public Enemy ou BDP…le premier à dire « C'est pas hardcore ? C'est pas du rap » et à bouder les albums de De La Soul parce qu'il y avait des fleurs dessus. Mais y a deux choses : primo, j'ai grandi et commencé à découvrir le hip-hop de manière plus large, dans un esprit un peu moins extrême et réducteur. Deuzio je me suis mis à écrire, et quand t'écris, il y a HEUREUSEMENT une part des choses que tu ne contrôles pas…et dans mon cas, ce qui sort spontanément est bien plus souvent ironique que « véner »â€¦ si c'est « véner », c'est que c'est ironique.
Cocazine : Quel est le processus qui préside à l'élaboration d'un morceau ?
Babouch : le processus est en perpétuelle mutation !! Mais souvent le texte est écrit avant l'instru. En fait Matthieu écrit soit sur une face B, et dans ce cas on remplace toute la partie instru, soit sur un sample de piano, guitare… qui lui plait. Il nous ramène l'idée globale en répèt, et là on lance la sauce Dizzylez !
Pour les textes, il arrive très rarement qu'on soit réticent, peut être une phrase mais jamais la globalité.
K.S : c'est moi qui fait tout sur aucun morceau.
Cocazine : Vous avez sorti un 4 titres il y a un peu plus d'un an. A quoi vous a-t-il servi ?
DZ : dès qu'on eu les 4 titres mixés, on les a mis en ligne et on a balancé l'info sur des forums hip-hop. On a eu de bons retours, des propositions de remix et des plans pour participer à des projets. Après on eu le disque, on a démarché pas mal de salles et de radios…résultat, nos titres passent régulièrement sur les ondes en Normandie, à Beaucaire, Marseille, Montpellier et sur le net... Ca nous a aussi permis de sortir concrètement de la région et d'aller jouer à Briançon, Montluçon, Créteil…
En fait, ça nous sert de première carte de visite sonore, en attendant la prochaine…
Cocazine : Quelle est votre actualité ? Quels sont vos projets à court et à moyen terme ?
DZ : l'actu, c'est la sortie imminente de l'album de Fondamental Kartet « Vinyl Noise » où j'apparais sur quelques morceaux.
Et les projets pour le groupe, c'est continuer à faire des scènes (choppez les dates sur http://dizzylez.free.fr/), collaborer avec des gens du côté de Montpellier et sortir un nouveau disque en 2006.
Babouch : en ce moment on a beaucoup d'envies : faire de la scène, de la scène… Enregistrer un nouveau maxi ou un Ep, trouver un tourneur, un label, être intermittent, ne plus faire que de la musique !